Sylvie Williams

Travailleuse sociale et maman de Leucan

« Quand on m’a approchée pour faire partie des Audacieuses, j’étais étonnée. Je ne me disais que la séance photo, les vêtements griffés, ce n’était pas tellement moi. Même si je suis une personne qui reste dans l’ombre d’habitude, j’ai dit oui parce que je crois beaucoup à Leucan. »

Travailleuse sociale à son compte, Sylvie Williams a l’habitude d’offrir son aide aux personnes confrontées à des réalités difficiles. Quand son fils a reçu un diagnostic de neuroblastome en octobre 2006, elle a accepté l’aide que Leucan lui a offerte. Par son accompagnement et son soutien, l’Association a fait en sorte que l’épreuve soit un peu plus douce pour sa famille. Femme authentique, généreuse et à l’écoute, Sylvie décide de faire partie des Audacieuses pour redonner à la cause.

Sylvie Williams a un lien particulier à Leucan. Son fils n’avait que 5 ans au moment où le diagnostic est tombé. Dans la tourmente, Leucan est entrée dans la vie de la familiale dès les premiers jours. « Il n’y a pas une famille au Québec qui rêve d’être membre de Leucan, mais quand la maladie touche, toutes les familles sont contentes que Leucan soit là finalement. »

Après le choc du diagnostic, après les traitements, arrive la rémission. Pour la famille, une nouvelle différente vient secouer leur monde : « On nous a annoncé que mon garçon faisait une rechute. Mon beau garçon est décédé alors qu’il n’avait que 7 ans. »

Perdre son enfant, c’est le monde à l’envers. C’est dévastateur.

Sortir de sa zone de confort

« Quand on m’a approchée pour faire partie des Audacieuses, j’étais étonnée. Je ne me disais que la séance photo, les vêtements griffés, ce n’était pas tellement moi. Même si je suis une personne qui reste dans l’ombre d’habitude, j’ai dit oui parce que je crois beaucoup à Leucan. »

S’impliquer auprès de l’organisation allait de soi pour cette mère dévouée. Ayant déjà réalisé le Défi têtes rasées Leucan dans le passé, cette femme authentique et assumée sait aller de l’avant et faire ce qu’il faut pour ce qui lui tient à cœur. « Je n’en suis pas à mon premier Défi têtes rasées. La première fois que je l’ai fait, j’avais une entrevue quelques jours après. C’est une ex-collègue et une bonne amie qui m’a passée en entrevue et puis elle m’a dit : “Je me souviens que tu es venue à l’entrevue, les cheveux rasés, puis que tu assumais ta décision. ” »

Cette fois, avec Les Audacieuses, Sylvie veut saisir l’opportunité d’inspirer par son récit et de parler cœur à cœur à d’autres mamans comme elle. « Je ne me considérais pas nécessairement comme une personne influente, mais dans mon rôle de maman Leucan, je pense que je peux apporter beaucoup à d’autres. J’ai aussi réalisé au fil des années qu’en partageant mon histoire, j’influence positivement les gens. »

Le privilège de vieillir

L’image physique projetée dans les médias est souvent quelque chose de jugé rapidement. Sylvie déplore la victoire parfois écrasante de l’apparence sur tout le reste. « L’apparence physique prend trop de place partout, tout le temps. On lui accorde peut-être un peu trop d’importance. Puis moi, je trouve que de pas avoir de cheveux ne va pas m’empêcher de m’assumer, d’être qui je suis et de fonctionner dans ma vie de tous les jours. »

Les cheveux gris. Les rides. Les complexes physiques qui prennent souvent trop de place et nous empêchent d’apprécier le moment présent. « J’ai un privilège d’être encore en vie. Que mes cheveux soient gris, que j’aille des rides, je m’en fous. Je vais les assumer. Mon corps n’a pas l’air de ce que j’avais de l’air quand j’avais 20, mais je m’en fous. J’assume mon corps comme il est parce que mon corps me permet encore de profiter de ma vie. »

S’assumer et profiter de sa vie au maximum pour la mémoire de son garçon et de tous ceux qui sont partis trop tôt. C’est aussi ça, le cœur du message de Sylvie lorsqu’elle parle de sa participation aux Audacieuses. S’assumer pour ceux qui ne le peuvent plus. « Mon petit bonhomme, il aurait probablement juste voulu vieillir. Il n’a pas eu ce privilège-là. Je vais profiter de cette chance que j’ai d’être encore en vie. »

Une amoureuse de la vie

Le soutien offert à Sylvie et sa famille par Leucan a été un réel baume. Être entendu, compris et soutenu tout au long dans ce processus éprouvant, c’est fait la différence. « Leucan a comme fait partie de notre vie dès le diagnostic. Les activités offertes pendant les traitements comme notre premier camp de Leucan, on ne l’oubliera jamais. Ça nous a permis de mettre sur pause la maladie. Leucan était là aussi au niveau de notre deuil. Il y a un privilège de faire partie de Leucan. C’est comme : ces services-là ne sont pas nécessairement offerts ailleurs qu’ici et c’est pourtant tellement nécessaire dans le processus. »

Partager avec quelqu’un qui a vécu les mêmes choses que soi permet souvent de guérir certaines plaies, surtout dans le processus de deuil. « On a encore des liens avec des familles de Leucan endeuillées, qu’on a rencontrées. On ne se parle pas tous les jours, mais on garde contact et ça fait vraiment du bien. »

Souhaitant peut-être donner cette espace pour que des familles se reconnaissent dans son parcours, Sylvie espère redonner un peu de ce qu’elle a elle-même reçu. Grande amoureuse de la vie, cette maman espère que son participation aux Audacieuses permettra en quelque sorte à la vie de triompher sur la mort : « J’ai toujours aimé profondément la vie. J’ai eu un moment vraiment difficile avec la mort de mon garçon, mais c’est quand même quelque chose qui m’habite profondément, ça, tu sais, l’amour de la vie. Tant que je l’ai, je vais la chérir. Ça, ça me caractérise assez bien quand même. »