Mylène Paquette

Conférencière et rameuse océanique

« Je rase mes cheveux pour tous ces jeunes atteints de cancer qui m’ont inspirée lorsque je travaillais à l’hôpital. Je veux aussi montrer à mes deux enfants qu’il faut oser dans la vie. Pour une femme, se raser les cheveux, c’est différent que pour un homme. Donc, c’est vraiment important pour moi de le faire afin de servir d’exemple pour ma fille. »

Mylène Paquette a marqué l’histoire en devenant la première personne des Amériques à traverser l’Atlantique Nord à la rame, en solitaire. Au-delà de l’exploit que ça représente, elle est allée à la rencontre d’elle-même : une femme persévérante qui ne recule devant aucun défi. Anciennement préposée aux bénéficiaires, maintenant rameuse océanique, conférencière, autrice et maman, à 44 ans, Mylène aborde sa vie et ses projets avec audace et curiosité.

Pendant 10 ans, la rameuse étoile est une préposée aux bénéficiaires dévouée au CHU Sainte-Justine. C’est au cours de l’été 2008 qu’elle aura, avec une jeune patiente atteinte de cancer, une conversation qui bouleversera sa vie. C’est après cette rencontre qu’elle décide de passer à l’action et devenir la première personne du continent américain à traverser l’Atlantique Nord à la rame en solitaire. Inspirée par cette jeune fille aujourd’hui décédée, pour elle, participer au projet Les Audacieuses était une suite normale des choses.

« En ayant travaillé avec ces enfants-là, ces familles-là, qui m’ont tellement inspirée, je sentais que c’était juste une suite logique des choses de faire ça pour eux. J’avais une collègue à l’hôpital qui le faisait chaque année. Je la trouvais vraiment hot. J’avais envie d’avoir l’audace de le faire moi aussi. Donc, ça m’a toujours un peu trotté dans la tête de me raser les cheveux. »

Dans ses années en centre hospitalier, elle a été témoin de la perte de contrôle que représente l’annonce du diagnostic dans une famille. Elle a senti l’inquiétude, l’incompréhension et l’insécurité dans les corridors de l’hôpital. Elle a aussi saisi l’importance des services de Leucan dans le quotidien des familles.

« J’ai vu l’impact que ça l’a, d’avoir un enfant atteint de cancer dans la famille. J’ai vu l’espèce de panique de parents inquiets. Avoir l’impression que le sol te dérobe sous les pieds. Mais j’ai aussi vu l’impact de tous les services que Leucan offre. Je les ai vus vraiment. Sur le terrain, il y avait des trucs de musicothérapie, il y avait des perruques, des sorties avec les jeunes, des pauses et des répits pour les parents. Leucan est là pour soutenir les familles à travers leur long cheminement vers la guérison ou, malheureusement, la non-guérison. »

Servir d’exemple pour sa fille

Raser sa chevelure est une action concrète qui génère beaucoup de questionnements, particulièrement pour une femme. Mylène est un modèle pour de nombreuses personnes ; elle s’avère un exemple de courage, de détermination et de force. Aujourd’hui, elle a dit oui à poser ce geste important pour montrer l’exemple à la population québécoise, mais aussi pour les deux personnes les plus importantes de sa vie.

« Je rase mes cheveux pour plusieurs raisons. Je rase mes cheveux pour tous ces jeunes atteints de cancer qui m’ont inspirée lorsque je travaillais à l’hôpital. Une autre raison qui me motive beaucoup, c’est de montrer à mes deux enfants qu’il faut oser dans la vie. Pour une femme, se raser les cheveux, c’est différent que pour un homme. Donc, c’est vraiment important pour moi de le faire afin de servir d’exemple pour ma fille. »

Amour-haine. C’est ce qui décrit le mieux la relation entre Mylène et sa chevelure ; comme plusieurs autres femmes d’ailleurs.

« On dirait qu’on n’a jamais les cheveux qu’on voudrait. Toutes les filles que je connais qui ont des cheveux épais, bouclés, elles les voudraient minces, plats, etc. Depuis que je sais qu’ils vont être rasés en mars, je m’amuse avec eux. Je vais m’en donner à cœur joie jusqu’au rasage. »

Avoir l’audace de croire en ses rêves

Affronter sa plus grande peur et la transformer en un objectif de vie, en carrière, peu de gens ont la fougue et le courage de le faire. Déterminée, passionnée, femme de cœur à la tête dure, Mylène a eu l’ambition de suivre ses plus grands rêves. Un heureux mélange de courage, d’audace et d’intuition l’a accompagnée dans sa grande traversée.

« Pour moi, le courage est une question de peur et d’information. Même en connaissant l’information, on décide d’y aller quand même. Être audacieuse, c’est un mélange d’énergie, de courage et de la naïveté de la jeunesse. Il y a peut-être une recette à l’audace, mais je crois qu’il y a de l’audace qui vient de la personnalité aussi. Je pense que si je suis encore audacieuse à 44 ans, c’est peut-être parce que je me sens encore jeune et que c’était déjà quelque part en moi. Courageuse ou pas, audacieuse ou pas, il faut suivre son intuition. C’est ce qui m’a amenée jusqu’ici aujourd’hui. »

Une traversée mémorable qui inspire

Dans ses cinq années de préparation pour sa traversée, son équipe et elle ont travaillé plusieurs aspects techniques de la navigation, mais aussi sa peur de l’eau. Travaillant sur son rêve, Mylène a inspiré de nombreuses personnes sans le savoir.

« En août 2021, plus de 8 ans après ma traversée, une dame est venue me voir et elle me dit : “Ma fille, elle avait peur de prendre l’avion et s’empêchait de faire des voyages. Elle vous a vue et vous l’avez inspirée avec votre projet. Grâce à vous, elle a affronté sa peur et elle est partie faire un tour du monde et elle n’est jamais revenue.” Je comprends que par mon expérience, j’ai pu être une inspiration, une influence positive. »

Joueuse d’équipe dans tous ses projets, elle aime s’entourer de gens inspirants et ce projet ne fera pas exception. « Nous sommes toutes des femmes différentes. Je suis curieuse d’apprendre à les connaitre et vivre cette expérience avec elles. »