Michelle Cialdella

Cheffe de l’exploitation du Groupe Functionalab Division Cliniques et de ses partenaires Dermapure et Project Skin MD

« Je veux sensibiliser les gens à la réalité des enfants, des adolescents et jeunes adultes qui vivent avec le cancer. J’en ai tellement vus à l’hôpital. »

Michelle Cialdella est une gestionnaire passionnée, une leader à l’écoute, près de son monde. Après plus de 20 ans en grande entreprise, elle a récemment joint une entreprise à échelle plus humaine. C’est ce qui l’allume, ce qui la rejoint. Elle est cheffe de l’exploitation du Groupe Functionalab Division Cliniques et de ses partenaires Dermapure et Project Skin MD. Mère de trois enfants, elle est aussi membre du conseil d’administration de Leucan, une cause qui la touche de près.

Pétillante et fonceuse, Michelle Cialdella n’a pas hésité une seconde avant d’accepter de se joindre aux Audacieuses. « Je le fais pour ma fille. Ce sera un moment très émotif », confie-t-elle. Deux fois plutôt qu’une, elle a vu sa fille aînée, atteinte de cancer, perdre ses cheveux en raison des traitements de chimiothérapie. La première fois, elle avait 15 ans. La seconde, 17 ans. Son cancer a récidivé peu avant son bal des finissants.

« Ma fille a perdu ses cheveux dans des moments de très grande vulnérabilité. Elle était une skieuse de haut niveau en pleine ascension. Le cancer a frappé dans sa passion et dans son sport, en plein cœur de son adolescence. Ce sont des années charnière pour une jeune femme, dans la définition de la personnalité, dans l’affirmation de soi. En plus d’encaisser les contrecoups du cancer, elle perdait ses beaux cheveux. »

« La première fois, ça tombait par grappes, on a dû prendre la décision de les raser. » Lors de sa récidive, trois ans plus tard, l’adolescente a dû oublier à regret la coiffure qu’elle souhaitait adopter pour son bal de finissants. Au fil des ans, elle a insisté pour poursuivre ses activités, fréquenter l’école malgré ses nombreuses visites à l’hôpital. « Elle déteste être le centre d’attention, elle est très discrète. Jamais elle n’a voulu être identifiée à son cancer. Elle a tenté le plus possible de se détacher de la maladie. »

Boucler la boucle

Parce qu’elle ne souhaite pas heurter sa fille en participant au Défi têtes rasées Leucan, Michelle Cialdella s’est d’abord assurée de son accord. C’est d’ailleurs elle qui lui rasera les cheveux. « Si ça l’avait chagrinée, je ne l’aurais pas fait. Elle ne chérit pas l’épreuve qu’elle a vécue, mais elle apprend à faire la paix avec. Elle sait que je le fais pour elle, comme un geste d’espoir. »

« On croise les doigts, on souhaite fort que ça reste très très loin de nous. » Le rasage s’inscrit dans cette volonté de tourner la page. La maman y voit même un geste superstitieux, elle ne s’en cache pas. « Plusieurs personnes dans notre entourage ont eu le cancer, certains en sont décédés. On en a eu trop autour de nous. Je suis Italienne, les Italiens ont tout plein de superstitions. Pour moi, ce rasage est une façon de boucler la boucle. Je me dis : je le fais et ça va nous laisser tranquilles. De toutes les superstitions possibles et imaginables, j’espère de tout cœur que celle-là marche ! »

Une pensée pour les ados

Discrète comme sa fille, Michelle Cialdella souhaite attirer l’attention, non pas sur elle et sa situation, mais sur Leucan avant tout. « Je veux sensibiliser les gens à la réalité des enfants et surtout des adolescents et jeunes adultes qui vivent avec le cancer. J’en ai tellement vus à l’hôpital. C’est la catégorie des mal-aimés, des oubliés. On parle beaucoup des enfants, mais c’est aussi très difficile pour les adolescents. Ça brise le cœur. » Elle insiste également sur l’importance de la recherche.

Son geste d’éclat en surprendra plus d’un. « Dans les postes exécutifs, on a l’habitude de voir des femmes aux cheveux longs, maquillées, bien habillées. Peu de femmes ont les cheveux rasés, les Audacieuses vient briser ces clichés. » La perte de ses cheveux, elle s’en moque un peu. « Dès qu’ils auront une longueur suffisante, je me ferai installer des rallonges pour éviter la coupe ingrate des cheveux mi-longs. D’ici là, peut-être qu’on pensera que je suis un garçon ? Ça me va. »

Faire le bien

Si les conditions le permettaient, elle célébrerait ce moment spécial en grand. « S’il n’y avait pas de COVID, ma maison serait pleine ! J’aime recevoir, être entourée. J’aime partager avec les gens que j’aime des moments, des ressources. J’aime donner et voir le bien que je fais autour de moi. C’est tellement précieux d’être une bonne personne. » Elle souhaite d’ailleurs que son geste puisse inspirer les gens à faire du bien autour d’eux, un geste à la fois.

À défaut de faire une fête, la famille soulignera le coup en petit clan. Après une randonnée de raquette avec leurs chiens, ils se retrouveront ensemble au chalet autour d’une bonne table, peut-être devant une fondue ou une raclette. À parler beaucoup, à rire beaucoup. « J’aime les moments signifiants, les fous rires, les petits bonheurs. J’ai une façon bien à moi de les interpréter parce qu’on ne sait jamais quand la vie va basculer. »

Photographe, Andréanne Gauthier; stylisme, Simon Venne (Judy Inc.); mise en beauté, Alper Sisters (Teamm Agency)