Julie Charbonneau
Entraineuse privée, coach de boxe et mère d’un enfant atteint de cancer
« On parle beaucoup de beauté, de charge mentale, de cette pression de vouloir être parfaite, bien coiffée, d’avoir une maison propre, d’avoir un bon travail. Il faut voir autrement. C’est le message que j’aimerais passer. »
Coach de boxe depuis plusieurs années, Julie Charbonneau est habituée de se tenir debout devant les coups. Néanmoins, quand son fils Jessy, alors âgé de 5 ans, a reçu un diagnostic de leucémie aiguë lymphoblastique, l’athlétique maman a été mise k.-o. C’est un choc dont on ne se relève pas indemne. Par son accompagnement et son soutien, Leucan a fait en sorte que l’épreuve soit un peu plus douce pour la famille.
Julie Charbonneau se souvient avec émotion de ce moment où son fils Jessy a réalisé qu’il n’avait plus ses cheveux. Elle l’a trouvé, assis sur son lit, en pleurs. Pour la première fois depuis le début de ses traitements de chimiothérapie, il avait pris le temps de contempler son reflet dans le miroir. « Je n’ai plus de cheveux, je suis laid ! » Sa mère a senti son cœur fendre.
Quand Leucan l’a approchée pour faire partie des Audacieuses, elle a d’abord tardé à répondre, éprouvant un sentiment trouble et une crainte de raviver de douloureux souvenirs. « C’est un gros choc, le diagnostic. Tout s’arrête d’un coup et tu sais que ta vie ne sera plus jamais pareille, tu sais que ton enfant ne sera jamais plus pareil. Il y a une coupure qui se fait dans ta bulle et tu vois les autres vivre leur vie comme si rien n’était. J’étais découragée et fâchée au début. J’avais tellement mal. »
Parce que Leucan a été là, à leurs côtés, dès la première journée d’hospitalisation, elle a décidé de faire fi de ses réticences et elle a fini par accepter d’être du projet. « La présence de Leucan a été tellement importante. On a reçu de l’aide financière. On a rencontré et échangé avec des familles qui vivaient la même épreuve que nous. Jessy a pu participer à des activités et s’amuser comme les garçons de son âge. Je veux donner en retour. »
« J’ai peur de te trouver laide »
Jessy craint que sa mère soit triste, une fois sa tête rasée. « J’ai peur de te trouver laide, que les gens te trouvent laide et que tu aies de la peine », lui a-t-il confié. Elle l’a rapidement rassuré. « C’est mon choix et j’ai hâte ! Je vais sûrement pleurer lors du rasage, parce que l’émotion associée à tout ce qu’on a vécu va ressortir. Mais je vais sourire en même temps. Je veux en faire un événement positif et amasser des sous. »
Le rasage, qui réunira des femmes de divers horizons, rejoint le message qu’elle martèle sans arrêt aux clientes qu’elle entraîne. « Cessez de vous mettre de la pression pour répondre aux standards de beauté. Je prône la diversité corporelle, l’acceptation de soi. J’ai toujours refusé d’encourager les pertes de poids. On doit bouger pour être en santé, pour être fières, pour avoir de l’énergie à la maison et pour être bien dans notre peau. »
Cordonnier mal chaussé, la coach peine à mettre en application ses conseils et accorde une importance démesurée à ses cheveux. « J’ai un rapport très malsain à mes cheveux, dans le sens où c’est très important pour moi. Je les étire, je les lave tous les jours, je mets de bons produits dedans. Dès qu’il y a un miroir, je les replace. Ça me fait très peur de les perdre, mais je suis rendue là. Je suis une femme de défi, je ne m’arrête jamais à mes peurs. Je sais que je serai fière de l’avoir fait. Et il faut que les bottines suivent les babines, non ? »
Julie Charbonneau mise beaucoup sur l’effet de groupe. « L’impact sera encore plus fort. Je ne l’aurais jamais fait toute seule ! Je pense que ce sera un beau partage entre femmes, de voir nos façons de vivre ce moment. C’est inspirant. On parle beaucoup de beauté, de charge mentale, de cette pression de vouloir être parfaite, bien coiffée, d’avoir une maison propre, d’avoir un bon travail. Il faut voir autrement. C’est le message que j’aimerais passer. »
Avec un brin d’humour
Tout en complétant des études en technique d’éducation spécialisée, cette dynamique maman travaille dans une école secondaire auprès d’adolescents en adaptation. « C’est évident, les jeunes vont réagir. Pour marquer le coup, je prévois me présenter avec une perruque d’Halloween. Ou avec une passe de licorne. Je veux les faire rire. Je vais le prendre avec humour et ça va m’aider aussi. Il y aura sûrement des hauts et des bas. »
Elle a une pensée pour ces adolescentes qui doivent vivre avec les changements physiques associés au cancer. « À l’adolescence, on a un bouton sur la joue et on capote ! Ces jeunes filles se battent pour leur vie, elles ne devraient tellement pas avoir à se soucier de leur apparence en plus. Je les trouve belles et fortes. »
Le jour du rasage, elle aimerait que Jessy soit à ses côtés. Aujourd’hui en rémission, il rayonne de santé. « J’espère qu’il acceptera. Je veux vraiment en faire un événement heureux. »