Véronique De Sève

Directrice développement des affaires, Fondaction

« J’'ai besoin de retrouver la militante engagée en moi. Les Audacieuses? Ce projet s’inscrit parfaitement dans ce tournant de ma vie. C’est maintenant ou jamais! Let's go! »

Depuis 2020, Véronique De Sève est directrice du développement des affaires et réseaux militants chez Fondaction. Auparavant, elle était vice-présidente de la CSN où elle a œuvré pendant 17 ans. Au sein de l’organisation syndicale, elle a notamment été responsable du Service d’appui à la mobilisation et à la vie régionale, des dossiers de la condition féminine, des jeunes et de la relève, LGBT+, des relations interculturelles et des réalités autochtones. Féministe engagée, elle s’est impliquée au Conseil du statut de la femme et chez Femmessor.

La cinquantaine tout juste entamée, Véronique De Sève ressent ce besoin instinctif de se relancer, de donner un nouveau sens à sa vie. « J’ai eu 50 ans l’an passé, j’ai changé de job, je vais faire le chemin de Compostelle avec ma mère en juin. Je souhaite retrouver la militante engagée en moi. Les Audacieuses? Ce projet s’inscrit parfaitement dans ce tournant de ma vie. C’est maintenant ou jamais! »

Véronique De Sève a fait de sa carrière un engagement. Sa sensibilité, son sens de la justice sociale et sa verve l’ont amenée à porter, haut et fort, plusieurs causes. Après de nombreuses années à fond de train, elle a eu besoin de prendre du recul, de mettre les freins. Son poste actuel chez Fondaction, moins dans la militance, la stimule tout autant, mais autrement. Mais chassez le naturel et il revient au galop. « J’ai besoin de retrouver la militante engagée en moi. Leucan tombe à point. Let’s go! »

Embrasser la cause de Leucan

Lors d’une visite au Camp vol d’été Leucan-CSN, Véronique De Sève a eu la chance de rencontrer des familles de Leucan. Pendant longtemps, elle s’y était refusée. « On m’a souvent demandé d’être bénévole au camp, je n’ai jamais voulu. Je suis incapable de côtoyer la maladie. C’est une peur qui est là en moi, c’est très confrontant. »

Un jour, elle a fini par surmonter ses craintes et s’est présentée au camp : elle n’y a vu que du beau. « J’aurais donc dû y aller avant! Le camp, ce n’est pas la maladie. C’est du plaisir, des sourires, des gens heureux qui, le temps d’un séjour, oublient le cancer. Je veux être la voix et le cœur de ces personnes que j’ai rencontrées pour dire à quel point c’est extraordinaire et qu’il faut donner. »

Elle pense avec émotion à ce que vivent ces familles, ces mères qui accompagnent leur enfant dans cette dure épreuve. « J’ai envie d’embrasser la cause de Leucan parce que j’y crois et parce que c’est tellement important. Par mon geste, je veux donner de l’énergie à ces familles. »

Pendant 10 ans, cette diplômée en psychoéducation a travaillé auprès des adolescentes du Centre jeunesse de Laval. « J’ai adoré ce travail. Voir des jeunes avec des parcours difficiles se battre et avancer, c’est porteur d’espoir. Je fais le parallèle avec les enfants de Leucan qui souhaitent être définis autrement que par leur maladie, qui devraient avoir toutes les possibilités de s’épanouir, de se projeter dans l’avenir, d’avoir des rêves. »

Plus vulnérable sans cheveux ?

Véronique De Sève confie entretenir un rapport très simple avec ses longs cheveux ébènes. « J’ai les cheveux longs parce que c’est facile d’entretien. Un coup de brosse, de fer plat et l’été, tu fais une toque et le tour est joué. » Raser ses cheveux ne lui fait pas peur. Néanmoins, à quelques semaines du défi, elle se surprend à se regarder autrement à l’écran lors de rencontres virtuelles. Elle se questionne sur son futur look. « Mon apparence est importante pour moi. J’aime porter des robes élégantes, me maquiller. »

Par son geste, elle souhaite qu’on cesse d’associer coupe courte et maladie. Elle veut aussi montrer que la féminité s’exprime de toutes sortes de façons, cheveux ou pas. « Au-delà du regard qu’on portera sur moi, je me questionne sur ma propre réaction. Est-ce que, sans cheveux, je vais changer d’attitude? Je suis une fille dynamique, fonceuse, je connais ma valeur. Est-ce que cette coiffe cache une vulnérabilité ? Est-ce que je vais garder cette confiance ? Deviendrai-je vulnérable comme Samson ? »

Les Schtroumpfettes au rendez-vous !

Animée et colorée, Véronique De Sève se réjouit de rencontrer des femmes inspirantes qui passeront sous le rasoir en même temps qu’elle. « Se raser la tête pour une cause est déjà spécial, mais de le faire en groupe, dans un esprit de clan, ça rendra la chose encore bien plus intéressante. J’ai hâte de connaître leur parcours, leur motivation. On va pouvoir compter les unes sur les autres. Est-ce la pandémie et le télétravail ? J’ai besoin de voir du monde. »

Elle entrevoit le Jour J comme un événement festif, rassembleur. Ses complices Audacieuses souriront assurément en la voyant sortir de son sac trois petites Schtroumpfettes. « Ces figurines sont mes gris-gris. Je les traîne partout, lors de moments marquants ou quand je voyage seule. Je les prends en photo et ça permet à tous coups d’initier des conversations. Elles font partie de moi, leur présence me rassure. Elles seront bien entendu avec moi lors du rasage. »