Pascale Bouchard

Directrice générale, Leucan

« On côtoie des gens qui passent à travers des épreuves terribles, ils sont une puissante source de motivation. On agit comme boussole dans la tempête qu’ils affrontent. C’est un privilège pour moi de pouvoir jouer un rôle dans cette belle mission. »

Directrice générale de Leucan, Pascale Bouchard est une battante altruiste. Elle n’hésite pas à foncer tête baissée pour aider son prochain et défendre les causes qui lui tiennent à cœur. Avec la douceur, l’humanité et le brin de folie qu’on lui connaît, elle a réussi à réunir plus d’une dizaine de femmes inspirantes pour la campagne Les Audacieuses. Ces leaders, femmes de tête et de cœur, ont accepté de se faire raser les cheveux pour Leucan, à ses côtés. 

« Je souhaite qu’on envoie aux enfants atteints de cancer et à leur famille un message de solidarité extrêmement puissant et qu’ils accueillent notre geste comme un baume. J’espère aussi que ce mouvement de solidarité créera une belle vague d’inspiration dans le public, particulièrement chez les femmes. »

Année après année, à peine le tiers des participants du Défi têtes rasées Leucan sont des femmes. Pascale Bouchard veut renverser la tendance. « On souhaite que chaque fille, chaque femme puisse s’identifier aux Audacieuses. On a réuni des femmes qui viennent d’horizons différents et qui, dans la vie de tous les jours, ne se seraient pas rencontrées. Elles s’unissent spécialement pour Leucan dans un geste commun et fort. » L’idée est de présenter une mosaïque représentative des femmes du Québec d’aujourd’hui, en misant sur la diversité culturelle, corporelle, professionnelle, générationnelle.

« On sait que c’est plus difficile pour les femmes de jouer dans leur apparence corporelle, c’est un véritable frein. Si des leaders acceptent de se faire raser les cheveux, on espère que ces barrières tomberont. On aimerait que les femmes se joignent à nous en grand nombre pour créer un mouvement de femmes, un vent de solidarité. »

Test de cohérence

Porteuse du projet, Pascale Bouchard n’en a pas moins une boule dans l’estomac. Elle dira adieu à ses longs cheveux roux. « J’ai la chienne. Des bouts, je me dis que je suis un peu folle de faire ça et d’avoir embarqué ces femmes dans cette aventure. Mais je me ramène et je me dis : c’est juste des cheveux, ça repousse ! » Mère de trois adolescents, elle a toujours insisté pour mettre de l’avant que la valeur des personnes ne se définit pas par l’apparence, mais plutôt par nos comportements, et des valeurs que l’on porte. « Avec les Audacieuses, je passe un test de cohérence. Il faut que les bottines suivent les babines ! »

Depuis qu’elle est à la tête de Leucan, l’idée de participer au Défi têtes rasées Leucan a fait son chemin. À quelques reprises, elle a failli passer à l’action. « Mon conjoint n’était pas trop chaud à l’idée, même s’il était prêt à me soutenir. Il trouve le projet des Audacieuses formidable. Cette fois, il n’a aucune réticence et m’encourage à fond. Si  je veux le faire une fois dans ma vie, c’est l’occasion idéale ! »

Leucan tatouée sur le cœur

Si la directrice n’a pas hésité à plonger, c’est qu’elle se dévoue avec passion pour Leucan. « On côtoie des gens qui passent à travers des épreuves terribles, ils sont une puissante source de motivation. On agit comme boussole dans la tempête qu’ils affrontent. On voit du négatif, de la tristesse, mais on voit aussi beaucoup de beau, de générosité. Ça a des impacts partout dans ma vie. C’est un privilège pour moi de pouvoir jouer un rôle dans cette belle mission. »

Leucan offre du soutien aux familles, accompagne les parents endeuillés, contribue à financer la recherche. De plus en plus, l’aide se déploie autrement. « Aujourd’hui, le taux de survie des cancers pédiatriques tourne autour de 85 % après cinq ans. C’est heureux, bien sûr. Par contre, jusqu’à 70 % des survivants vivront avec des séquelles associées aux traitements, comme des difficultés d’apprentissage, des troubles de mémoire et de concentration. Pour plusieurs, les atteintes sont majeures. Avant mon arrivée à Leucan, je l’ignorais. On travaille en ce sens. On a développé un fonds d’aide financière, convaincu le gouvernement de mettre en place un programme d’aide financière pour les séquelles bucco-dentaires et on a un projet pour aider les jeunes qui peinent à rester en emploi. »

Du beau dans la grisaille

Quand elle passera sous le rasoir, Pascale Bouchard aura une pensée pour les jeunes qu’elle a rencontrés au fil des ans. Ceux qui ont survécu, et ceux qui sont décédés. « Je ne voudrais pas devenir trop émotive, mais je vais penser à des cocos et des cocottes qui nous ont quittés. Leur image est gravée dans ma tête et dans mon cœur pour toujours. Je souhaite aussi vivre le moment sereinement et dans le plaisir. Je ressentirai certainement un sentiment d’accomplissement d’avoir porté ce projet. »

Dans la semaine avant, elle aura fait teindre ses cheveux. « Je ne les ferai pas raser à la peau, je vais en garder un peu et je ne veux pas qu’ils soient blancs ! Je vais aussi me maquiller. » Elle ne craint pas le résultat immédiat. « Quand les cheveux sont très courts, les yeux et le sourire paraissent éclatants. Il y a une aura qui se dégage. » C’est l’entredeux qu’elle appréhende, ce qu’elle appelle « le festival de la barrette ». Sa coiffeuse l’a déjà rassurée, elle lui proposera des coiffures à adopter. « Je le fais par choix, je dois dédramatiser la chose et m’amuser. Je songe à jouer avec ma couleur. Qui sait, je serai peut-être blonde l’été prochain ! »

« Dans la grisaille de la dernière année, ce projet positif va assurément faire du bien à tous. Ça va être bon pour le moral de mettre de l’avant des modèles inspirants, de présenter un projet constructif, de voir du beau. »